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Les huttes,l'oie,la Marans

Les Huttes du Marais Poitevin,l'oie et la poule de Marans.

Si dans le nord de la Vendée,le  Marais Breton Vendéen avec la bourrine, la poule noire et le canard de Challans ,dans le sud le Marais Poitevin avec les huttes, les oies emblêmatiques de la région et la poule de Marans.600 années avant notre ère, les Pictons (celtes habitant la région) s'installent sur le rivage et certaines îles,puis les Scythes et par la suite les Teifales investissent les terres du marais.Au Moyen-Âge voit l'installation des Colliberts.Les grandes invasions , Vikings (Vè s.) ,Arabes (IXè s.)modifient les caractères hétérogènes de ces populations locales, poussant une partie de celles-ci,fuyant les massacres ,à se réfugier dans les grandes roselières, vivant à l'écart dans des huttes soumis aux inondations, trouvant dans la pêche et la chasse le nécessaire à survivre.Ces terrains envasés ,en proie aux inondations,n'intéressent guère les seigneurs locaux qui les concèdent aux moines bénédictins.Ces derniers ,dès le VIè s.,bâtissent des abbayes,sur le rivage et les îles du Marais(Luçon,St Michel en l'Herm,Maillezais,Nouaillé,Neuil sur l'Autize..)A la fin du X è s.,des ébauches de drainage puis plus tard des canaux sont tracés de 1199 à 1217.Les siècles suivants voient tous ces ouvrages admirables pour l'époque,détruits lors de la Guerre de Cent Ans et des Guerres de Religion.L'édit royal de 1599 donne à l'ingénieur Bradley les moyens d'agir mais qu'une partie du marais Poitevin sera assèché faute de capitaux hollandais.

 

Le Marais Poitevin,est la 2ème zone humide de France (après la Camargue), vous trouverez une excellente vidéo qui dure 52 minutes , " les 1000 et une vies du Marais ": http://www.vimeo.com/5506190

Les huttiers ,installés au bord des vastes communaux,élèvent depuis le Moyen-Âge des troupeaux d'oies de pays(100 à 110 par troupeau).Les oies grises étaient plus courantes au début du XXè s.Au début de ce siècle , 18 troupeaux étaient élevés sur le communal du Langon,18 sur celui de la Taillée,76 à Vouillé les Marais, 5 au marais Garreau et 42 sur le communal du Poiré sur Velluire, la cohabitation plusieurs mois durant et en troupeau collectif ,des bovins,des équidés et des oies des huttiers.Créer le troupeau ; la qualité première d'un éleveur d'oies( travail bien souvent "réservé" aux épouses des huttiers) reste le courage,car il ne faut ménager ni ses efforts ,ni sa vigilance.Un petit groupe de reproducteur d'environ 20 à 30 oies mères et un jars pour 6 ou 7 oies est conservé d'une année sur l'autre à la ferme.Entre janvier et mars ,les mères pondent 1 à 2 oeufs tous les 3 jours.Elles ne commencent à couver que lorsque la ponte est totalement terminée(10 à 15 oeufs).En attendant,il faut ramasser les oeufs et les retourner consciencieusement pour les conserver jusqu'à la couvaison.Dès la mi-février les premières oies ,qui ont manifesté leur instinct maternel dans la préparation du nid avec plume et duvet,couvent pendant 30 jours,15 oeufs au maximum,dont les 2/3 seulement arrivent à éclosion.Surveillance des couveuses ,fourniture d'herbe ,sorties baignades afin de rapporter aux oeufs une humidité bienfaitrice,tel est alors le rôle journalier de l'éleveur.L'éclosion a lieu de fin mars à début avril.La maîtresse mirait les oeufs au bout de 20 jours soit en regardant devant une chandelle ou une bougie,l'oeuf clair était transparent,soit en les mettant quelques secondes dans une bassine d'eau tiède,lorsque les oeufs bougeaient ,les petits étaient formés et vivants.Dans le troupeau seules quelques oies "meneuses" sont aptes à diriger et s'occuper des oisons.Il leur est donc adjoint des oisons supplémentaires dont la vraie mère sera tenue enfermée afin de "découver",puis ensuite livrée aux jars,d'où parfois une nouvelle ponte d'oeufs dont les produits sont vendus dès la naissance.Cette mère ,mise au communal sans oisons est appelée "courlis".Une dizaine de jours après la naissance les oisons peuvent sortir,mais il faut impérativement protéger le troupeau du vent et de la pluie.L'oie "meneuse",entravée,est installée dans le communal,les oisons restent autour d'elle,et il est facile ainsi de récupérer tout ce monde en cas de conditions atmosphériques défavorables.Les oisons sont marqués aux pattes dès ces premières sorties.Pendant plus de 2 mois ,ils reçoivent une alimentation complémentaire lorsqu'ils rentrent le soir à la ferme.La nourriture pour les oisons (la même pour les canetons) était facile à préparer: mie de pain puis pâtée avec des recoupes,des résidus de farine de blé ou de farine d'orge mélangée avec des pissenlits coupés menu.Pour les dindonneaux ,à la place des pissenlits ,on mettait des orties jusqu'à l'époque où ils prenaient le rouge...(le "rouge" était la couleur des crêtes),2 à 3 semaines plus tard ,on leur donnait du riz avec son écorce (du riz Paddy) ou du menu grain(blé et autre) .A la tombée de la nuit il est amusant de voir le jars "meneur de troupeau" prendre les directives du retour à grand renfort de voix. La rentrée s'effectue lentement car le parcours est parfois long.A l'issue de cette période l'herbe sera leur seule alimentation et ils auront pris l'habitude de rentrer chaque soir chez leur éleveur.

Les huttes du Poiré sur Velluire, le plan de la hutte "Poupeau-Olivier"

 

 La loge . La cabane du Petit-Breuil, pendant la crue de 1960.

 

L'oie grise du Marais Poitevin et l'oie blanche du Poitou

 

Le communal du Poiré sur Velluire et la pêche aux oies en 1990.

 

La plumaison des oies ,la plume et le duvet sont l'objet de soins attentifs.Lorsque les oisons étaient devenus adultes,il fallait les plumer.C'était un travail collectif entre voisins. On renfermait dans une grande loge,puis il fallait mettre une bonne couche de paille afin que la plume soit propre.L'oie attrapée,on lui attachait les ailes et les pattes, puis pattes en l'air,les Marouines commençaient l'opération en mettant la plume dans les bailles.A une saison bien définie ,on enlevait aussi le duvet.La plumaison était faite à partir de la dixième semaine de vie de l'animal, toutes les sept semaines,chaque oie peut donner en moyenne 250 grammes de plume et 90 grammes de duvet.

 

Outre la plume,les huttiers vendent les oeufs et la viande de leurs oies.Dans les années 1930,le huttier de "Tout-vent"(communal du Langon) avait noté sur un carnet conservé aujourd'hui par ses descendants le dessin des entailles faites dans la palmure des oies pour identifier chaque troupeau des familles de huttiers du Langon,du Poiré ,de Vouillé,de la Taillée et du marais Garreau.La marque de chaque famille était donnée par la mairie et reconnue dans toutes les communes voisines qui avaient leurs marais communaux limitrophes.Le premier mois des grandes crues était le marquage pour les oies et les canards,nageoire fendue,angle coupé ou talon.Cette méthode de marquage d'oies et de canards s"appliquait aussi dans le Marais Breton Vendéen et en Brière.

 

 

Ste Radégonde des Noyers ,jour du marché.Le marché du Poiré sur Velluire ,très actif jusqu'au milieu du XXè s.Toutes les grosses volailles étaient vendues aux marchés qui existaient dans nombre de communes.La vente des dindons et pintades se faisait dans les débuts décembre pour les repas des jours de Noël et du Premier de l'an.Pour les canards et les poulets,la vente continuait toute l'année,selon la grosseur désirée et le poids demandé par les marchands et les clients.Les foires et marchés étaient indispensable aux familles des huttiers du marais,les ports de Chaillé les Marais "la Cruzilleuse",du Poiré sur Velluire avaient un débarcadère en pente ,dans les bateaux "batias" menés par les hommes,s'accumulaient les cages volailles. Les femmes arrivaient derrière en bateau avec les oeufs de poule de Marans ,de cane,poissons et autres produits. Pour les oies ,les gros marchés se tenaient en novembre.Il fallait les nourrir au blé et au maïs un mois avant de les tuer.Les marchands de Challans et de la Roche sur Yon passaient réserver avant dans les huttes.